Avec quelque 700 exposants pour sa 20ᵉ édition, l’EPHJ, le salon de la haute précision - horlogerie, joaillerie et technologies médicales - a fait le plein pour cette nouvelle édition. Objectif des organisateurs : afficher la transversalité entre la mécanique de précision et les medtech. La Région Auvergne-Rhône-Alpes a-t-elle choisi d’y réaffirmer sa présence avec un stand et une mission collectifs.

Des opportunités à saisir

À l’EPHJ, la majorité des exposants reste suisse (78%) suivi de la France (12%), de l’Allemagne (4%) et de l’Italie (2,3%). Si 90% d’entre eux affichent une activité horlogère ou joaillière, 54% déclarent une activité dans les micro-technologies, notamment l’industrie des machines. Pour la première fois, cette année, la majorité des exposants (51%) ont une activité dans le domaine médical. Une tendance qui démontre les capacités de l’industrie horlogère et microtechnique à apporter leurs compétences à l’environnement des équipements médicaux

Un stand collectif sous l’égide du pôle de compétitivité CIMES, d’Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises et de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Auvergne-Rhône-Alpes a permis durant quatre jours de découvrir un panel de compétences techniques destinées à répondre aux besoins des donneurs d’ordres suisses. Et ce, pour des secteurs en pointe comme l’horlogerie, la joaillerie et les technologies médicales, illustrant tout le monde de la haute précision.

De nombreux visiteurs professionnels, présents au salon représentent des marques horlogères, mais pas seulement. L’industrie du luxe, industrie d’excellence, suscite en effet l’intérêt d’autres domaines d’activités techniques tels que l’aéronautique, l’automobile et la recherche médicale.

Une véritable communauté entre exposants

« Un grand volume d’affaires est généré entre exposants » a ainsi expliqué le directeur de l’EPHJ, Alexandre Catton, venu accueillir la vingtaine d’entreprises de la région Auvergne-Rhône-Alpes présentes cette année pour participer ou visiter le salon. « Il y a une véritable communauté qui se crée entre exposants durant l’événement, et même au-delà : nous faisons la promotion des entreprises qui exposent tout au long de l’année ».

L’EPHJ dispose d’une large base de données entre visiteurs et exposants, leur permettant d’être informés de toutes les innovations au fil des mois. « Les savoir-faire sont très étendus et vont bien au-delà de l’horlogerie ».

C’est dans ce cadre qu’a été mis en place un collectif d’entreprises régionales, pour beaucoup en visite pour la première fois à l’EPHJ, représentant les secteurs de la sous-traitance (découpe au fil, décolletage, usinage de pièces…), la robotique, le rétrofit de machines-outils, les machines spéciales, le pilotage de process de machines-outils…

À l’affût des savoir-faire

« Il faut savoir que le cycle des affaires est très long sur le salon, la plupart des donneurs d’ordres suisses ont déjà des fournisseurs. En revanche, ils sont à l’affût de vrais savoir-faire et en quête constante d’innovations. Avoir déjà un flux d’affaires dans l’horlogerie permet de lever les réticences ».

Business France, organisme de promotion des entreprises françaises à l’export, a rappelé l’importance souvent méconnue du marché suisse. En termes d’excédent commercial, la Suisse se classe en 4e position derrière la Grande-Bretagne, Singapour et les Émirats Arabes Unis. Par ailleurs, la Confédération helvétique est le 2e pays investisseur en France, après les États-Unis, mais devance l’Allemagne, et la Grande-Bretagne.

On compte 200 000 frontaliers français en Suisse et autant de Français installés dans le pays, ce qui en fait la première communauté des Français de l’étranger. Enfin, 200 000 Suisses ont eux choisis de vivre en France.

Dynamisme et innovation

Quelques chiffres parlent d’eux-mêmes quant au dynamisme du pays. Le taux de chômage atteint seulement 2,3% ; une hausse du PIB de 3% est prévue pour 2022 et l’inflation ne dépasse pas 2,4%. Pays très industriel, la Suisse est aussi le plus innovant au monde. Pragmatiques dans les affaires, les Suisses sont sans préjugés et le prix n’est pas le facteur premier dans la décision. Ce qui compte : c’est la qualité de l’offre et d’avoir des références.

Enfin, pour réussir dans le pays, il convient de rester modeste, discret, fiable et de respecter ses engagements. Les entreprises françaises peuvent, depuis la pandémie de COVID, profiter d’un chèque de relance à export. À savoir que l’agence Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises propose aux industriels de la région des VIE à temps partagé qui peuvent participer au développement des affaires dans le pays.

S’implanter en Suisse est également une option à rapidement étudier, une fois les premiers contacts établis ou contrats signés. Une implantation permet d’ouvrir de nouveaux canaux commerciaux et correspond à la volonté des grands groupes suisses (Straumann, Rolex, Swatch Group…) de diversifier leurs sous-traitants. À noter que sur la quarantaine d’entreprises françaises qui s’installent en Suisse en moyenne chaque année, une petite dizaine vient d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Répondre aux attentes des horlogers

La diversité de compétences techniques présentes sur le salon a conduit la société Force Dimension (Nyon) à présenter sur le stand Staübli, son partenaire, l’atelier horloger du futur. Spin-off de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, la société est un spécialiste de la robotique médicale.

Elle a notamment développé une technologie qui permet un guidage naturel et sensible sous la main pour conduire un outil robotique. Une application au départ destinée aux chirurgiens qui devrait rapidement séduire les horlogers en leur offrant la possibilité de créations encore plus complexes.

Autre innovation, celle de Vulkam (Grenoble) spécialisée, depuis sa création il y a quatre ans, dans l’élaboration d’alliages métalliques amorphes (sa gamme comprend déjà 10 alliages dans 5 familles, développée notamment avec le SIMAP). L’entreprise propose de nouvelles solutions aux horlogers sur des composants stratégiques, en fait une rupture significative par rapport aux autres matériaux couramment utilisés.

Elle s’adresse notamment aux départements Recherche et Développement avec diverses applications : pièces d’habillage de montres, joaillerie, maroquinerie… Pour sa part, Elefil, basée à Scientrier (Haute-Savoie) réalise, selon Alain Pellet, l’un des quatre associés du groupe, « beaucoup de chiffre d’affaires dans l’horlogerie, dont 80% en Suisse ». De quoi décider en 2015 d’ouvrir une filiale de production, d’abord à Fribourg et depuis 2021, à Meyrin dans le canton de Genève. Spécialisée comme la maison mère dans la découpe en électro-érosion par fil, la société, sous la direction de Julien Bosson, répond ainsi mieux encore à la demande des clients horlogers.

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