En quelques années, la dermopigmentation et en particulier le microblading (micropigmentation) sont devenus des prestations très en vogue dans les instituts. La pratique du maquillage permanent, auparavant sous-traitée à des dermographes spécialisés, se généralise. Le marché a même littéralement explosé depuis l’arrivée du microblading : la prestation dure une heure, le pigment déposé sur la peau disparaît progressivement en un an et les tarifs sont plus accessibles (moins de 200 euros). 

Apprentissage en quelques jours

Très recherchée par les clients en quête d’un sourcil bien dessiné, cette technique a séduit aussi les esthéticiennes. Son apprentissage se fait en trois jours, la prestation est rentable et ne nécessite pas d’investir dans un appareil coûteux. Reste que la pratique de la pigmentation qui implique une effraction de la peau, n’est pas anodine sur le plan de la santé : le législateur est donc venu strictement encadrer la pratique.

Le décret du 19 février de 2008 s’applique au maquillage permanent comme au piercing et au tatouage. Elle vise à limiter les risques d’infection et de transmission des virus. Mais il n’est pas obligatoire d’être esthéticienne pour pratiquer le maquillage permanent, une formation de quelques jours étant suffisante pour s’installer en tant que dermographe. À savoir que certains centres proposent des formations longues aux personnes en reconversion et non professionnelles de l’esthétique.

Le maquillage permanent étant une « activité » non réglementée (hors cours hygiène obligatoire), ouverte à tous, il n’existe actuellement ni diplôme, ni qualification, ni déontologie. Un entrepreneur souhaitant se lancer dans cette seule activité devra s’inscrire auprès de l'URSSAF, le maquillage permanent étant classé comme une activité libérale.

Si une esthéticienne est déjà inscrite auprès d’une CMA et qu’elle souhaite également faire du maquillage permanent, une adjonction d’activité devra se faire auprès du CFE de la CMA, quand bien même cette nouvelle activité deviendrait principale. À noter qu’en cas de mixité d’activités artisanale et libérale, le CFE de la CMA primera toujours sur celui de l’URSSAF

Loi intransigeante en matière d'hygiène

En revanche, la loi est intransigeante sur l’apprentissage des règles d’hygiène : une formation de 21 heures (trois jours complets) consacrée aux précautions légales en matière d’hygiène est obligatoire pour pratiquer le maquillage permanent. Elle est délivrée par une personne du secteur médical, généralement une infirmière, qui dresse la liste des règles de conduite à tenir en cabine.

Elle rappelle aussi quelle information est à fournir à la clientèle en matière d’effets indésirables et indique les précautions à prendre après la prestation. Elle présente, par ailleurs, les règles de sécurité sur les produits et le local où est pratiqué le maquillage permanent. Cette formation est prise en charge par l’OPCA (Organisme paritaire collecteur agréé) ou le FAFCEA (Fonds d'Assurance Formation des Chefs exerçant une activité Artisanale) suivant le statut (salariée ou indépendante).
L’attestation de formation à l’hygiène fournie par un organisme agréé doit être disponible à l’institut et affichée en cabine. 

Des règles à suivre en cabine

  • L'esthéticienne doit porter une charlotte et une blouse propre
  • Désinfection préalable des mains puis utilisation de gants à usage unique durant la prestation
  • Disposition des produits et ustensiles sur une surface stérile
  • Désinfection de la zone à maquiller
  • Utilisation de matériels jetables à usage unique, les parties non jetables comme les manches d’instruments sont à stériliser
  • Emploi d’une housse stérile pour envelopper l’appareil de dermopigmentation
  • Emploi de produits spécifiques de nettoyage pour la table, le mobilier, les ustensiles, etc.

 
Une pièce technique doit être réservée au microblading, qui ne peut être réalisé dans une cabine d’épilation ou à domicile. Cette pièce doit donc être :

  • à usage unique, réservé au maquillage permanent,
  • suffisamment ventilée  (fenêtre ou système de ventilation),
  • équipée de matériaux conformes (pas de textile ou de parquet, matières poreuses qui peuvent retenir des germes),
  • à proximité d’un point d’eau (dans la cabine ou à côté). 

La clientèle doit être informée des risques potentiels encourus : les risques d’infection, les risques d’allergie, les éventuelles contre-indications liées au terrain naturel ou à des traitements en cours. L’esthéticienne devra également évoquer le temps de cicatrisation prévisible, les risques cicatriciels, les précautions à respecter après la réalisation du maquillage permanent, notamment pour permettre une cicatrisation rapide.

Déclarer son activité

La pratique du maquillage permanent est soumise à une déclaration préalable, 15 jours au minimum avant le début d’activité. Pour effectuer cette démarche, il faut se rendre sur le site de l’Agence régionale de santé (ARS) du département et télécharger un formulaire à compléter, à adresser ensuite à l’ARS concernée.
L’esthéticienne devra également être couverte au titre des potentiels dommages occasionnés à autrui dans le cadre de ses activités et prévenir son assureur de sa nouvelle activité de maquillage permanent : celle-ci s’ajoutera à son contrat multirisques lié aux services de base de l’institut. Il faut en effet s’assurer que l’activité de maquillage permanent apparaisse clairement sur le contrat.
Il est aussi conseillé de faire une photo du client avant, puis du projet de maquillage permanent, et de faire signer un bon pour accord ainsi qu’une attestation d’information. Ces documents pourront aider le professionnel en cas de conflit.
 


Sources :
estheticienne.pro
Décret n°2008-149 du 19 février2008
syndicat-national-maquillage-permanent.com
solidarites-sante.gouv.fr

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