La 75ème enquête de conjoncture de Bpifrance Le Lab auprès des PME vient de paraître. Elle met en évidence un ralentissement général de l’économie, notamment dans la construction et le commerce. Les difficultés d’approvisionnement et l’absence de visibilité pèsent sur la confiance des dirigeants pour 2023.

Résultats contrastés

« Les résultats de ce baromètre sont contrastés. Les services et l’industrie conservent une bonne dynamique dans le prolongement d’une année 2021 de forte reprise, et ce, malgré les tensions sur les approvisionnements qui atteignent un sommet et qu’il faut répercuter sur les prix de vente ou sur les marges » explique Philippe Mutricy, directeur des études de Bpifrance.
De fait, l’activité des TPE-PME ralentirait cette année dans un contexte où les problèmes d’approvisionnement s’accentuent. Malgré les difficultés de recrutement, les indicateurs d’emploi restent bien orientés. « Dans l’ensemble, les chefs d’entreprises maintiennent de bonnes perspectives d’activité pour 2022 avant une année 2023 qui s’annonce plus difficile », complète-t-il.
Les tensions sur les approvisionnements se sont durcies sous l’effet du conflit en Ukraine et de la reprise de l’épidémie de Covid en Chine. Ce qui se traduit par une hausse du prix des intrants et l’allongement des délais de livraison. La hausse des coûts des transports est également citée par 62% des TPE-PME interrogées dans l’enquête. Quant à la chaîne logistique maritime, elle reste très perturbée.

Tensions sur les recrutements

Dans ce contexte, les chefs d’entreprises prévoient un ralentissement de leur activité en 2022. En moyenne, le chiffre d’affaires augmenterait de 4,9% en 2022 après 7% en 2021. Une croissance toutefois à nuancer car elle reflète probablement en partie la hausse des prix de vente, en réaction à la nette hausse des coûts de production.
En dépit de cette baisse d’activité et des difficultés de recrutement en hausse, les embauches devraient s’accélérer en 2022 : 47% des dirigeants jugent « sévères » les problèmes de recrutement.
Par secteur, les perspectives d’activité sont très contrastées. Ainsi, l’activité ralentirait nettement dans la construction et le commerce alors que l’activité industrielle demeurerait dynamique. Enfin, les TPE-PME innovantes et/ou exportatrices affichent un plus grand optimisme que leurs homologues non innovantes et/ou non exportatrices.
L’enquête relève, par ailleurs, que la situation de trésorerie des TPE-PME, se dégrade, mais après une année « très confortable » fin 2021 : 73% des entreprises interrogées prévoient une hausse de leur prix de vente cette année dans le but d’amortir l’impact des problèmes d’approvisionnement sur leur situation financière.

Moins d'investissement

En dépit de conditions d’accès aux financements qui restent dans l’ensemble faciles, la dynamique de l’investissement devrait se tasser cette année. Seules 9% des entreprises sont confrontées à des difficultés pour accéder aux crédits à l’investissement, une proportion stable sur un an.
Pour autant, les chefs d’entreprises soulignent qu’il existe plusieurs freins à l’investissement au second semestre 2022 : la faiblesse de la demande demeure le principal obstacle pour 48% des TPE-PME, suivi par le coût du crédit qui prend de l’ampleur. 45% des TPE-PME déclarent cependant avoir investi ou prévoient de le faire en 2022. Le ralentissement serait plus marqué chez les TPE-PME industrielles.

Perspectives assombries

Pour 2023, les chefs d’entreprises anticipent un ralentissement de l’activité plutôt qu’une baisse en 2023. Un repli de confiance qui trouve sa source dans l’incertitude autour de l’horizon de résorption des difficultés d’approvisionnement : 43% des chefs d’entreprises pensent qu’il sera supérieur à un an et 40% d’entre eux font état d’un manque total de visibilité.
Le contexte de la guerre en Ukraine est un réel motif d’inquiétude, le risque de conflit géopolitique au niveau mondial est cité également par 70% des TPE-PME, derrière le risque financier à 77%.

Transition écologique et énergétique en cours

Au cours des prochaines années, la transition écologique et énergétique (TEE) devrait tirer l’investissement mais avec de grandes disparités. Pour 36% des TPE-PME, la TEE constitue une réelle source d’opportunité avec des divergences selon la taille : 46% des PME (10 à 250 salariés) contre 34% des TPE (moins de 10 salariés).
Le premier besoin des entreprises interrogées concerne les alternatives technologiques (42%) ; Nombreuses sont les sondées à prévoir d’accroître leurs investissements « verts » (61% des PME et 44% des TPE). Pour cela, le besoin de financement (32%) et d’accompagnement (26%) sont aussi mis en avant.
L’enquête a été réalisée du 12 mai au 13 juin 2022 par interrogation de 40 000 entreprises de 1 à 249 salariés. L’analyse s’appuie sur un échantillon de 5093 réponses.

Source : presse.bpifrance.fr

 

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